Al Qarra - Apaisement dans le conflit pétrolier entre les deux Soudans. Khartoum ne mettra pas sa menace de bloquer le brut sud-soudanais à exécution. C’est un haut responsable soudanais qui l’a annoncé dimanche, après qu’un accord ait finalement été trouvé la semaine dernière entre les deux pays.
Badr Addeen Abdallah, Ministère des affaires étrangères soudanais
« Les deux parties se sont mises d’accord sur ce qui suit: D’abord, renvoyer leurs doléances respectives au mécanisme bilatéral conjoint, sur lequel elles se sont mises d’accords. Ensuite, confirmer leur acceptation des propositions de l’AUHIP, le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine sur la crise actuelle. Enfin, les deux parties appellent l’Union Africaine, le président de l’IGAD, et le Premier Ministre éthiopien à accélérer la mise en œuvre des propositions de l’AUHIP.»
Un accord signé en mars dernier avait relancé le transit de pétrole en direction du terminal pétrolier de Port-Soudan sur la mer Rouge. Mais le 8 juin, le président soudanais Omar El Béchir avait exigé la fermeture de l’oléoduc. Il accusait son voisin du Sud d’utiliser ses revenus pétroliers pour soutenir les rebelles soudanais. A Juba, le gouvernement a toujours démenti toute forme de soutien à ces rebelles. Un épisode qui atteste des tensions persistantes entre les deux Etats.
Abda Al-Mahdi, analyste politique et économique :
« Le principal obstacle de la mise en œuvre des accords est le manque confiance entre les deux parties. Cela a toujours été l’obstacle qui empêche tout accord entre le Soudan et le Soudan du Sud. Et à cause de cela, nous conseillons qu’il y ait des réformes politiques, avant de pouvoir cueillir les fruits de ces accords. »
L’or noir reste un enjeu vital pour les économies des deux Etats. Mais pour certains analystes, régler les problèmes sécuritaires est un préalable à une exploitation sereine du pétrole.
Abda Al-Mahdi, analyste politique et économique :
« Pour la mise en œuvre des accords, le gouvernement soudanais devrait commencer par les accords portant sur la sécurité, puis les aspects économiques. C’est le droit du Soudan d’insister sur ces conditions, mais il est aussi obligé de prendre en compte les intérêts du peuple. Les intérêts du peuple sont liés aux problématiques économiques entre les deux pays ».
Une cargaison de pétrole a déjà été acheminée le 27 juin dernier sur le territoire soudanais. Après son indépendance en juillet 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves de pétrole de l’ancien Soudan unifié. Juba dépend toutefois des infrastructures soudanaises pour exporter son brut.
Par Jihane Boudraa
